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ID 19 "Commerciale" de 1959 (la plus vieille DS "commerciale" actuellement survivante).
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Un jour (il faisait nuit), je reçois un mail : " Bonjour. Une amie m'a demandé de vendre pour elle  des autos remisées par son grand père dans une  maison de famille... Parmi celles ci un break id 19,  numéro de série:   334 00 35. Il est en très mauvais état, et arrété depuis 25 ans... Je vous joins quelques photos. J'ai cherché quelques infos sur le web et suis tombé sur votre page "Citro Wagon". J'ai pensé que vous pourriez peut-être prendre quelques instants  pour me donner un avis autorisé (...) Au plaisir de vous lire. Michel . . .
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J'adore ce genre de mail ! D'abord j'aime bien rendre ce genre de service, et cela me permet de découvrir de nouvelles DS break, avec toujours l'espoir qu'elles finissent tôt ou tard sur les pages de Citrowagon. Je regarde les photos, curieux de voir l'engin, je traque le détail, je prépare une réponse nette, claire et précise. Il se passe un certain temps (plusieurs jours ?) pour que les neurones de mon cerveaux, imbibées par je ne sais quels breuvages, commencent enfin à bosser ! Le n° de série : 3 340 035, nous avons donc affaire à une DS ambulance ou commerciale du premier millésime, 1960 . . . . 035 ! ! ! Mais, c'est la 35ième commandée ! ! ! Je réponds immédiatement (donc quelques jours après). "Bonjour Michel, c'est un des premiers exemplaires, pouvez vous me communiquer le n° de coque s'il vous plait ? (...)"
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Je reçois une réponse avec la photo de la plaque, il ajoute: "Je vous envoie une photo de la carte grise, refaite en 69, sans changement de propriétaire (...)" Les bras m'en tombent ! Il s'agit de la 148ième DS break fabriquée, grâce à cette réponse 2 informations capitales concernent cette exemplaire: Primo, elle a été construite en septembre 1959. Secundo, ça ne peut pas être une ambulance, les premiers exemplaires sont sortis de chaine en octobre 1959, pour une commercialisation en janvier 1960. Il doit s'agir d'un des 600 premiers exemplaires, avec quelques détails spécifiques aux 600 premiers exemplaires. Je renvoie un mail en demandant des photos précises, de ces fameux détails.

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Michel m'envoie une série de photos, découvrons les ensemble. La teinte: elle est blanche ! Pas de chance, il n'y a pas de blanc dans le nuancier du millésime 60. En revanche, il y a un autocollant " Établissements Chapal Bézier" Peut-être sagit'il du carrossier qui a repeint la voiture.
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L'intérieur de la caisse ne semble pas avoir été repeint, c'est clairement du gris palombe AC 145 . . .
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 . . . ces 2 photos montrent la teinte de la tôle du dossier de la banquette arrière, ainsi que celle de la tôle de coffre des "commerciales". La teinte est plus claire, ces tôles ont toujours été peintes en gris rosé AC 136, du premier au dernier exemplaire. Autre chose, il est de notoriété publique qu'il n'y ait que les 600 premiers modèles avec cette combinaison de couleur, certes, d'ailleurs je le dis aussi. Mais en ait on vraiment sûr ? Je suis d'accord jusqu'à la DS break n° 527, j'en ai la preuve. En revanche je ne suis pas sûr qu'il y ait eu un changement entre le n° 600 et 601. Je vais plagier Bigard, je dirais "admettons" . . . jusqu'à la preuve du contraire !
 Conclusion: cette DS était "gris palombe" à l'origine. (ce que je peux être génial ! je le dis en toute modestie bien entendu !)

Le plastique de finition du bas de pied milieu a disparu : dommage !
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Concernant le toit, les 600 premiers modèles ont une teinte assortie à la couleur de la carrosserie sous la galerie. Ici, on voit mal, cela devrait être gris palombe et le reste du toit gris rosé. En fait, on s'en fout ! Toutes les DS break auront la combinaison gris palombe/gris rosé jusqu'au millésime 69 !
Bon ! Et bien ça nous arrange bien !
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On le voit mal sur la photo, mais la baguette enjoliveur de tour de toit est d'un seul morceau sur les côtés, comme sur les 600 premiers modèles.
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Pour terminer dans la sous rubrique "les 600 premiers modèles", les catadioptres présentent des petits picots en relief. Ils seront par la suite lisse. Je vous invite à lire aussi cet article, en provenance de la maison d'en face qui traite bien le sujet des 600 premiers modèles.
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Continuons la visite de ce très vieux modèle . . .
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La planche de bord est conforme à celles du premier millésime. Notez l'absence de montre, conforme à la finition "commerciale".

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Les sièges avant ne sont pas d'origine, il n'y a jamais eu de sièges avant séparés sur les DS commerciales (peut-être à partir du millésime 72, mais il n'y a aucune survivante aujourd’hui recensée dans le monde !) La banquette d'origine devait être en similoïd rio.


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La banquette arrière est bien d'origine, elle est en similoïd rio. 
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Le tapis de sol arrière aussi, sa matière est identique à celle des garnitures de longeron.
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Les panneaux de porte semblent d'origine. En revanche, l'accoudoir de la porte arrière, bien qu'en harmonie avec la banquette arrière, provient d'une DS break en finition "luxe". Les commerciales ont eu des accoudoirs à partir du millésime 70 . . . uniquement aux portes avant !

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Les DS "commerciale" ont toujours eu une solide tôle de coffre, sur charnière, qui permet l'accès à un petit compartiment. Les garnitures ont tendance à virer sur les tons ocre avec les décénies, ce n'est pas la première DS break dont je remarque cette particularité. Neuves, elles devaient être grises !
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Les phares additionnels ne sont bien sûr pas d'origine. La mécanique est complète. L'acheteur de cette commerciale aura du pain sur la planche ! Après tant d'années d'immobilisation, tout est à refaire. Bravo quand même à celui-ci, il possèdera une perle rare : la plus vieille DS "commerciale" du monde ! (recensée en 2018).
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Quelques temps plus tard, Michel m'a écrit: 'L'ID est partie, vers la Bretagne. Les nouveaux acquéreurs vous entretiendront des péripéties de la sortie  de chai.  La fille du précédent propriétaire ,vous relatera aussi quelques anecdotes relatives à la vie de cette auto (...) ". Mais c'est vrai, c'est une "sortie de chai" ! Je consulte le petit Larousse: chai ou chais, n.m. , magasin au niveau du sol pour vins et eaux-de-vie. Et que dit le petit Robert ? chai, n.m. , lieu en rez-de-chaussée, où l'on garde les alcools, les vins en fûts. Je me penche sur le petit Hachette : chai, n.m. , entrepôt de fûts de vin, d'eau de vie. Franchement, ça ne colle pas. Je décide de consulter le Grand Georges, pour en avoir le cœur net ! chai, n.m. , Hangar au rez-de-chaussée qui sert à affiner des DS breaks. Accessoirement, il peut contenir quelques fûts d’excellents vins et autres spiritueux, histoire de faire patienter le gardien de ces lieux. Là d'accord, ça colle mieux avec cet article !
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