Épisode 7
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Dans la dernière phrase de l’épisode 6, j’y avais camouflé, très efficacement semble-t-il, 2 mots représentant notre passion. Devant l’immense insuccès des réponses, à qui les avait trouvés, voici les solutions :
Premièrement : « … au quai, déjà vélos et vélideltiste … » on y trouvera « Quai de
Javel ».
Puis, pour les cerveaux surpuissants : « …s’y trop énorme s’entassent … » et bien oui « Citroën » sans nul doute. Dommage pour le malheureux gagnant qui se serait vu envoyer, en direct du Québec, une plaque d’immatriculation québécoise, d’origine avec un trou de flèche en plein centre!
Après tous ces mois d’absence, Marc est resté accroché à son téléphone, attendant que je continue l’histoire. Message personnel pour Marc : « S’il te plaît Marc, tu as le droit d’aller aux toilettes et manger un peu … car maintenant l’histoire continue et se termine ».
Alors nous voilà en pleine action : Brice de pas Nice a tout ce qu’il lui faut, il communique avec le « Captain America » et le véreux vendeur, il verra bien ce verrat de quoi sont capables des citroënistes en manque d’action.
L’officier outre-mer prend donc le TGV (Transport pour Grands Voyageurs) puis descend dans le Sud pour aller jeter un oeil à la DS.
En arrivant à la gare il y a Sly Stallone qui l’attend pour l’amener au repaire du truand. Chemin faisant ils se font une stratégie d’observation, il faut : regarder les bas de portes, les fixations du capot avant, les longerons, la base du pare-brise, les cafetières arrière (pour se réveiller) et si on peut enlever les protecteurs alors on regardera celles avant aussi, le fond du coffre, tous les instruments électriques, l’ordinateur de bord (euh non, mauvaise histoire) bref une bonne tournée générale au bar du LHM à l’adresse du 3 rue Magès, on verra bien s’il nous cache quelque chose derrière ce rutilant carrosse. L’huile : sortir la baguette et toucher l’huile pour voir s’il n’y a pas de charpies de métal et ne pas y goûter : on n’est pas des italiens sacre bleu!
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Rendu à l’antre du chevron … doublé, ils voient tout plein de DS, ID, CX, SM et plusieurs autres lettres de l’alphabet. M. le proprio est bien là, il ouvre le cadenas et pousse la barrière. Le regard de nos 2 superhéros se promène en cherchant immédiatement laquelle ça peut bien être.
M. le proprio se dirige vers une sorte de DS patchwork, alors nos 2 sauveurs regardent plus loin pour essayer de trianguler où leur hôte les conduit.
Et soudain, comme pour faire une feinte, il s’arrête devant la Frankentroën.
Eux s’arrêtent aussi et continuent à zyeuter les alentours comme on zyeute au supermarché pour savoir à quelle caisse il y aura le moins d’attente, mais l’autre gars les ramène à l’ordre : « Voilà !». « Voilà quoi? » de répondre Brisse. « Ben voilà L-A D-S (insista-t-il), vous pouvez faire l’expertise que vous voulez ».
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Et là, la tronche des nos 2 grands voyageurs valait toutes les scènes de surprise de l’histoire du cinéma.
« Hein!!!! C’est ça la DS pour laquelle on remue mer et monde depuis des mois? Ben, c’est pas sérieux, vous nous faites marcher, allez sans blague »
Mais non, ils sont pourtant immobiles devant cette automobile peut-être mobile mais manquant de mobile pour toute cette bile. C’est pourtant bien la bonne voiture leur assure le bonhomme. Regardez-bien le châssis (photos du haut), cette voiture a été complètement restaurée et mise sur la rôtisserie. Effectivement, ils remarquent que les longerons, l’unit avant, le coffre sont bien lisses et exempts de rouille ou de trous. Par contre, les organes de la carrosserie proviennent de différents corps, y’a pas de doute là-dessus.
Se faisant une raison de l’état apparemment en décrépitude, nos membres de la
confrérie de Javel se décident de bien observer tout ce qu’ils s’étaient dit qu’ils vérifieraient.
Une heure plus tard : Bilan:
Une grosse restauration des éléments de carrosserie
Une sellerie complète à faire avec le manque de bandeau Pallas, éclairage de plafonnier, les baguettes support...
Un faisceau électrique à changer
Un réglage culbuteurs en règle
Une purge du circuit de freinage, voire un réglage du chariot de pédalo voire un accu de frein, et encore d'autres bricoles...
Bref, constat provisoire qui laissera en vice de nombreuses vis en mal d’étreintes.
Ils décident de reprendre rendez-vous le lendemain et revenir avec la remorque porte-voitures. On demande au propriétaire de bien vouloir remplir les papiers nécessaires à la vente ainsi qu’à l’exportation de ce cauchemar qui prend maintenant une tournure heureuse, je dirais même plus : une heureuse tournure.
Le lendemain, le plateau est prêt, les papiers et la voiture aussi. Ils l’apportent à la maison de notre serviteur le couteau entre les dents. Sans broncher elle se laisse douillettement installer dans un box pour la nuit en s’assurant de n’être en vue de personne.
Après une nuit tout ce qu’il y a de normale nuit dans une vie, et bien, la DS décide encore une fois d’user de stratagème pour se faire remarquer ou peut-être même de laisser une dernière trace en sol français et ainsi vouer son allégeance au général et à tous les autres. En allant voir la voiture, avant de prendre le petit-déjeuner, les 2 cerbères décident de jeter un bref coup d’oeil à
Frankentroën et tombent sur la vitre de la porte arrière cassée comme si elle marquait la protestation. Par chance Rambo avait un jeu complet de vitres de remplacement dans son stock. Le changement se fera rapidement. Il remarque aussi la corrosion qui a fait son oeuvre.
Ils planifient le voyage par bateau. Impossible de partir de Marseille, le départ se fera de Rotterdam. Marc organise le tout et surtout paie un transporteur pour que l’auto se rende sans encombre en Hollande.
La remorque vient chercher la voiture à la porte au garage de Brice de pas Nice et l’arrache enfin à la France. Derniers conseils pour bien préparer l’auto : Bien la laver dehors, dedans, dessous, derrière les oreilles. Y mettre les pièces de rechange pour les futures réparations, écrire sur un papier, qui sera collé sur le volant, la marche à suivre pour démarrer l’auto (c’est une BVH n’oublions pas) à l’attention des matelots qui auront à la déplacer et surtout mettre dans une enveloppe tous les papiers nécessaires à son transit vers le Nord de l’Amérique. Le jour J arrive, la remorque est là, la voilà partie pour les quelques 1300 km. Bizarrement, tout se passera à merveille, même l’embarquement.
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Sur le forum, y’a un p’tit futé qui a trouvé l’image satellite du bateau amarré au quai. Ledit bateau part comme prévu (encore plus bizarre).
Y’a un autre petit futé, un québécois celui-là, du forum qui trouve un site internet où l’on peut, grâce au GPS, suivre le bateau. Il poste la carte.
La petite peste, comme tout le monde le surnomme, arpenteur de métier a même l’idée de pousser plus loin : il planifie de se poster sur le long de la berge du St-Laurent non loin de Trois-Rivières et il va prendre une photo du bateau quand il passera. Alors tel un chat attendant sa proie, notre peste de service regarde son ordinateur à toutes les 5 minutes dans cette soirée du 24 février et cet avant-midi du 25 février pour savoir exactement quand le bateau passera en
contact visuel. Son travail l’amenant à se rendre ailleurs, tel un ministre il mandate un collègue pour aller prendre la photo qui fera le tour du monde … à tout le moins dans le forum.
Ainsi, cette histoire se termine sur cette note majeure dans une gamme qui fut mineure tout du long. Marc a bien reçu sa DS 21 1969 à Montréal le 20 mars 2012, presque un mois après être arrivée au Port de Montréal et plus d’un an après avoir payé honnêtement le vendeur. Il a été aussi surpris que tous en voyant l’état de son auto car ce n’était pas ce qui était prévu au départ, il avait payé pour une restauration en bonne et due forme avec une belle peinture, pas ce
paquet de problèmes, mais c’était ça ou rien! Je vous invite à être patients, car dans l’épilogue du mois prochain, il y aura une foule de détails techniques et des photos de la restauration … il n’est pas au bout de ses peines!