Quatrième période c'est la fin de la restauration de la 23, ça roule
Ce fut une période heureuse. Mon corbillard alignait les kilomètres. C’était moins cher de faire le plein avec du gasoil, d’autant plus que c’était toujours aussi dur au niveau finances. Je continuais tant bien que mal la restauration de ma 23. J'ai  essayé de respecter à peu près l'origine!
J’ai gardé la caisse et le moteur de ma 23 IE (j’étais en règle au niveau de la carte grise). J’ai aussi gardé les portes d’origines avec ses poignées palettes. Or ma vrai export avait des poignées « bouton (71) ». Du coup ma DS 23 IE est devenue une DS 21 Pallas export USA de 72. 1972 fut la seule année où Citroën a vendu des DS aux USA avec des poignées palettes. Citroën n’a jamais vendu de DS injection aux USA. 1972 sera aussi la dernière année des ventes de DS aux USA. Il y avait des Dspécial et DS 21 sedan (berlines) et des DS 21 station wagon (break). Le logo sera celui de la DS 21 sur la malle arrière, Citroën n’a jamais vendu de DS 23 aux USA.
Petit détail croustillant, j’ai acheté 2 volants neuf chez Citroën, un pour moi et un pour un adhérent du club. Le vendeur de la succursale  était aussi un adhérent du club, en consultant le stock national au moment de la commande il nous dit qu’il reste 52 volants en stock. La semaine suivante, lorsque je suis allé chercher les volants, le stock était tombé à…0. Renseignements pris, un célèbre vendeur de pièces de DS, qui est toujours présent a raflé les 50 derniers !
En fin de restauration, il ne restait plus que la couleur des éléments de carrosserie à choisir. Je n’avais pas beaucoup de choix, en effet les moquettes de ma DS étaient bleues. Je ne pouvais pas les changer à cause de la climatisation, ces moquettes étant spécifiques. J’avais le choix entre 3 couleurs : le bleu Camargue (AC 635), le bleu delta (AC 640) et le noir (AC 200). Ma DS était bleu Camargue d’origine, cependant à l’époque toutes les DS que je voyais et qui étaient bleu Camargue étaient des poubelles et uniquement des Dspécial, Dsuper et autres breaks. Un vieux bleu Camargue tout mat, c’est une horreur. Le noir, je le trouvais moche avec un intérieur bleu. Quant aux DS bleu delta, je les trouvais très belles, mais il y en avait partout, y compris sur mon break !

Et c’est à ce moment que j’ai eu un flash, je me suis souvenu de la splendide SM de mon ami Max, elle était vert des tropiques (AC 525). La décision a été rapide, et j’en étais ravi ! Quand j’y pense maintenant, quelle connerie. 13 ans plus tard au jubilé DS j’ai vu une splendide DS 23 Pallas bleu Camargue, c’était magnifique !

De plus vous en avez vous vu beaucoup de DS 23 IE Pallas bleu Camargue avec la clim. ? Cela fait parti d’une de mes nombreuses erreurs de jeunesse. En 93, ma 23 fût enfin terminée, et j’en étais fier. Elle a fait de nombreuses sorties. J’ai eu les honneurs de certaines presses spécialisées, j’avais des félicitations. Bref j’étais heureux, .
Entre-temps nous avons eu notre cinquième enfant, je ne vous raconte pas l’ambiance dans le corbillard. Je n’avais pas refais la mécanique de cette 23 car elle fonctionnait bien et surtout je n’avais pas un sous d’avance (encore une erreur). Ma 23 s’en ai souvenu en 95 lors du dixième ICCCR de Clermont Ferrand. Avec mes potes tractionnistes nous avons passé 4 jours formidables, il faisait très chaud. Mais elle m’inquiétait depuis quelques temps déjà. Le moteur ne tournait pas rond, je n’arrivais pas à trouver d’où ça venait. Le retour en Bretagne fut morne (80/90 Km/h) Arrivés à Rennes avec mes amis nous nous sommes dit au revoir et j'ai pris la direction de chez moi…par la 4 voies. J’ai eu envie de dégourdir un peu ses pistons. Allez titine, pied dedans et me voilà à 110…miles à l’heure. Hélas pas longtemps, il y a eu un bruit bizarre et une énorme fumée blanche. Catastrophe ! je suis rentré chez moi à vitesse réduite, je n’osais pas m’arrêter de peur de ne plus repartir. Chérie ouvre vite la porte du garage, et c’est dans un dernier râle que la bête s’est définitivement éteinte. Pour ceux qui ont vu "Christine", c'était la même chose lorsque la DS est rentrée dans le garage.
Son moteur garanti d’origine, plein de KM est mort…une petite minute de silence s’il vous plait. L’expertise fut rapide, après avoir déposé le moteur le résultat était sans appel : il avait serré, sur 2 pistons on ne voyait plus les segments, ils étaient fondu ! Les 4 cylindres avaient des sillons dignes d’un concours de labour. Evidemment je n’avais pas un rond de côté. Heureusement la bas moteur et la culasse étaient intacts. J’ai mis 3 mois pour refaire le moteur, le temps de trouver un peu de sous. La culasse est quand même partie chez le rectifieur pour une expertise et un coup de rabot. Il me manquait encore 4 cylindres et 4 pistons complets.
 Par chance j’avais dans mon hangar une CX prestige de 76. C’était une 2400 à boite Cmatic. Son état était plus proche de la poubelle que de la voiture d’apparat. Je l’avait acheté avec un joint de culasse HS. C’était l’été 93 et je l’ai changé rapidement, j’y ai mis de l’eau du robinet, on n'est pas à une connerie près. Ensuite j’ai fait 17 Km pour la garer dans mon hangar. Elle attendra des jours meilleurs pour une éventuelle restauration. L’hivers suivant je récupère des bricoles dans ce hangar. Tiens et si je démarrais ma prestige, histoire d’entretenir un peu le moteur. Il démarre au quart de tour, il tourne rond. Mais c’est quoi cette vapeur ? horreur ! La culasse était fendue, il faisait –2° Merde merde merde, déjà que la caisse était pourrie et l’intérieur cuir qui n’était plus qu’une vue de l’esprit, il ne restait plus grand chose de potable sur cette CX. C’est décidé je la fous chez le ferrailleur. Avant de la balancer j’ai quand même récupéré le bloc moteur/boite. Bien m’en a pris. Car une CX 2400 a un moteur de 2347 cm cube, comme une DS 23. En réalité les chemises sont les mêmes, quant aux pistons la seule différence c’est la hauteur (1 dixième de moins). J’ai pu terminer la réparation de mon moteur.
A partir de ce moment là je n’ai plus eu le moindre soucis jusqu’à sa vente en 2007. Entre-temps nous avions acheté une maison, il y avait des travaux à faire. Nos enfants nous prenaient tout notre temps, pendant une période de 12 ans j’ai tout laissé tombé au niveau des voitures anciennes. J’ai quitté mon club, la DS ne roulait pratiquement plus (13000 km en 12 ans) J’ai fait quelques rares sorties. Pendant ce temps là, ça évoluait tout doucement dans ma tête. Des restaurations approximatives des années 80/90, on s’acheminait gentiment vers des restaurations plus poussées, plus respectueuses de l’origine. Plus on avançait dans le temps et moins j’aimais ma DS. En 98 nous avons eu notre premier ordinateur, avec Internet ! Et là ce fut un changement très rapide des mentalités……