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Pascal termine (partiellement) la restauration de Willy avec une idée en tête, partir en vacances en Amérique du Nord cet été (2015) avec sa famille. Évidemment quoi de plus exotique que de partir au pays des exotismes les plus débridés avec la plus exotique des voitures, une DS break ! Et Willy fera bien-sûr l'affaire !
Allez Pascal, racontes nous ton aventure . . . .
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Nous sommes maintenant mi-juin (2015), Willy prend la pose devant un photographe (tous droits réservés Alexandre BAS www.alexandrebas.com)
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Avant d'embarquer pour le nouveau monde, Willy décide de revenir sur ses terres.
Avant Après
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Jeudi 18 juin, 2015 pas 1940 bien entendu !
Je récupère mon bac fait sur mesure et commence à charger la voiture de quelques bricoles qui pourront m'être utiles (chambres à air, caisse à outils, divers fluides, bougies, chiffons ...)
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Après avoir chargé le coffre, je passe au lavage. Mon contact à Montréal a été très clair, la voiture doit être dans un état de propreté irréprochable, surtout au niveau des roues, bas de caisse, passages de roues. Aucun insecte, aucune terre ne doit voyager avec la voiture.

Dont acte.
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Me voici au bureau, en attente du conteneur (le bon, pas ceux qui nous servent de stockage à archives)
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Pour chaque roue 3 cales, puis une sangle à l'avant et une autre à l'arrière
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Le conteneur est sur le port de Bassens / Bordeaux depuis le 18 juin et c'est le 23 juin, jour de chargement du navire que la compagnie m'appelle: embarquement refusé pour cause de produits dangereux
Le 24 juin, je suis donc parti à la recherche de mon conteneur sur le port. Celui-ci avait été isolé. Ouverture, il fait 60 degrés dans le conteneur, c'est un enfer. Je dois sortir, seul, le coffre plastique, puis virer les divers fluides.
Voici les produits qui me faisaient passer pour un dangereux terroriste !
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Le 3 août, c'est le grand départ.
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le 4 août mon contact local vient me chercher dès 7h30 à l'hôtel pour dédouaner Willy. La douane est en centre-ville, à quelques centaines de mètres de mon hôtel.

A 8h nous sommes en place. A 8h15 la, très, charmante douanière me demande 500 CAD de caution (je pense que la douane française aurait demandé 10000 euros vu que j'avais déclaré Willy à 35000 euros), je paie et elle me donne sur le champ les documents d'importation temporaire. Aucun contrôle, personne ne demande à voir la voiture, la vie est belle. A 8h30 nous sommes sortis.
Les premiers tours de roues sont difficile. Quelque chose frotte quand je tourne. Je m'arrête de suite faire le plein et découvre l'esence locale. 87, 89, 91, pas mieux. Je choisis le 91, quand on aime, on ne compte pas.

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Mon premier repas: la poutine Et les fameuses plaques québécoises.
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Le soir nous sommes invités chez le célèbre Steevie, correspondant permanent de Citrowagon en Nouvelle-France. Nous mettons Willy sur cale et remarquons de suite qu'une tôlé a été déformée lors du sanglage dans le conteneur. 
Steevie démonte la roue, sort le marteau, et hop, encore une affaire rondement menée.

Vous remarquerez sa superbe Ford que l'on voit légèrement derrière Willy
Le beau Steevie dans ses oeuvres. Le reste de la soirée se déroulera dans la cuisine, autour de plats typiques, préparés (avec amour ?) par notre vedette québécoise.
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Nous vous ferons grâce de la visite de Montréal, nous essaierons de nous concentrer sur le road-trip. Mercredi 5 août, Montréal / Québec en limitant au maximum les routes principales. 260 km, une partie de plaisir. Petite pause restauration locale le midi puis énorme orage de pluie, puis de grêle, tout le reste de l'après-midi. Willy n'a pas l'option ventilation. Nous ne voyons rien et vivons un enfer. Au bout de 3 heures, les essuie-glaces montrent quelques signes de faiblesse. Quelques minutes plus tard les essuie-glaces ne fonctionnent plus. Nous finirons notre périple sans.
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Lors de notre passage à Québec, il y avait la Fête de la Nouvelle-France. 
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Quelque soit l'endroit où nous nous trouvons dans Québec, nous avons toujours une vue sur le superbe Château Frontenac, hôtel de luxe depuis sa construction 
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La seule et unique voiture française roulante croisée sur 3 semaines de congés.
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Vendredi 7 août, nous quittons Québec pour Tadoussac. 220 km en longeant le Saint-Laurent. Pendant que ma petite famille termine de boucler les bagages, je vais chercher Willy qui nous attend bien sagement dans un parking souterrain. Les portes du parking sont ouvertes, bizarre.  Je fais mes niveaux, mets le contact: rien. La batterie est à plat. Quelques secondes plus tard je suis entouré par 4 policiers qui me demandent d'ouvrir la voiture et me demandent ce que contient la valise dans le coffre. Malgré mon cache bagages, ils ont repéré ma caisse à outils. Le gardien du garage nous a balancés, ils attendaient notre retour depuis 48 heures. J'ouvre le coffre, la caisse à outils mais je n'échappe pas à l'interrogatoire. La police est persuadée que je ne peux pas rouler en plaques françaises. Je leur explique que je suis dans mon droit, ils me répondent que non. Ils m'embarquent et me ramènent à l'appartement pour vérifier tous les documents que j'ai en ma possession. Ils prennent leurs renseignements et confirment l'impossibilité de rouler en plaques françaises au Canada. Ils me donnent le numéro de téléphone de la SAC (Société des Assurances du Canada), numéro qui bien entendu ne répond pas. 10 minutes plus tard ils reviennent, nous expliquent qu'ils viennent saisir la voiture puis, devant notre stupeur, nous disent que c'est une plaisanterie, ils se sont à nouveau renseignés et nous avons le droit de rouler. Ils s'excusent et nous laissent un papier avec leurs coordonnées et numéros de matricules afin que lors d'un futur contrôle la police puisse les contacter directement. Le propriétaire de l'appartement viendra avec moi pour ponter et démarrer Willy.

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La route est belle, nos longeons le Saint-Laurent toujours au plus près. Nous faisons une pause déjeuner fort sympathique et nous rencontrons des amateurs d'anciennes qui roulent aujourd'hui en vieu Toy (Toy comme Toyota, pas sex-toy). Ils nous traitent de barjots, on rigole bien. Ils nous demandent si nous n'avons aucun problème mécanique, je leur répond bien entendu que non, tout va bien. Ils me répondent avec un peu de malice "Et pourquoi donc les câbles de pontage sont visibles dans le coffre ?" Je dois avouer que ce matin j'ai du démarrer avec de l'aide. On se quitte après une séance photos et ... je ne démarre pas. On sort les câbles, on laisse tourner la voiture et ils me conseillent de charger la batterie le soir à Tadoussac. Le générateur (ce que nous appelons la dynamo) n'est pas suffisamment puissante pour recharger la batterie, il lui faut une aide.
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Nous reprenons notre route vers Tadoussac tout en rêvant à notre future cabane au Canada. Notre grosse baleine n'est soudainement plus si imposante à côté des pick-up locaux .
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Aussitôt arrivés à Tadoussac, nous jetons les valises dans notre motel et courrons voir le garage avant qu'il ne ferme. Je leur demande de regarder le moteur d'essuie-glaces et de recharger la batterie. Lorsque nous revenons le lendemain récupérer la voiture, nous sommes samedi, les mécaniciens sont en congés, ils se seront bien entendu contentés uniquement de recharger la batterie. No stress, nous sommes à Tadoussac pour nous reposer. 
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Se reposer, ce n'est pas glandouiller dans le canapé du motel. C'est marcher, marcher et marcher.
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Willy et ses soeurs, ça vous parle ? Et oui, nous avions promis d'amener Willy voir ses soeurs les grosses baleines dans le golfe du Saint-Laurent. Nous n'avons jamais été aussi près.
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Mission accomplie. Pour info, je travaille en direct, sans téléobjectif !

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Nous rentrons à Tadoussac, sommes sur un nuage. Ou sur le bord d'un lac, comme vous voulez.
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Dimanche 9 août, debout 6h, départ 7h pour aller le plus loin possible vers les USA. Cette fois, nous ne longeons plus le Saint-Laurent mais nous prenons par la forêt. Pendant plusieurs centaines de kilomètres, forêts, lacs, rivières. Peu de voitures, des routes bien roulantes, peu de villages traversées, plus rien ne nous arrête.

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Depuis la mésaventure de batterie déchargée au moment de déjeuner, j'ai pris désormais l'habitude de débrancher la batterie à chaque arrêt de plus de quelques minutes. Nous arrivons dans un petit restaurant de bord de route, un papy est assis devant la porte. Je me gare, je lève le capot et débranche le - Le papy me demande pourquoi, je lui explique, il se lève péniblement, touche le moteur d'essuie-glaces, il est brûlant. "vas manger et on reste cela après" Quand je sors de table, le moteur est froid car il l'avait entouré d'un linge et de glaçons. "vas à la batterie, on va faire des tests" Je mets le contact, il y a des étincelles comme depuis quelques jours. Il enlève une fiche, je refais le test, même chose. Il enlève l'autre fiche, me fait faire un test, plus d'étincelles. "Roule et fais un test, normalement ton moteur ne devrait plus chauffer". J'ai respecté ses instructions et en effet le moteur des essuie-glaces est resté à température ambiante. Je continuerai toutefois à débrancher la cosse à chaque arrêt.
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Nous continuons notre route, rien ne nous arrête. Montréal, Otawa, et enfin Perth. Nous nous perdons dans des routes secondaires et le premier contact avec la campagne profonde nous perturbe. Nous avons le film "Mississippi Burning" en tête et nous nous attendons à tout moment à voir débouler d'un chemin de terre un pick up chargé d'hommes du Ku Klux Klan ... Lundi 10 août, nous quittons l'hôtel vers 8h30 et notre GPS ne s'allume pas. Il a chargé toute la nuit mais ne veut rien savoir. Nous ferons sans. Nous décidons de nous arrêter déjeuner à Toronto, près de la Tour CN. Quelques kilomètres avant Toronto, nous nous arrêtons faire le plein. Nous tombons sur du 94. Bonheur, nous n'avons jamais été aussi près du 98 français. Nous n'avons pas fait 50 mètres qu'une fumée blanche sort du peau d'échappement. Je pense au joint de culasse, mais surtout à une mauvaise essence. Arrivés sur le périphérique de Toronto, nous essuyons un orage d'un extrême violence. Nous n'avons toujours pas d'essuie-glaces, Toronto est une ville de 6 millions d'habitants, nous n'avons pas de GPS, nous abandonnons ce projet et continuons direction les USA. Le moral reste au top à bord de la voiture. Enfin on essaie ...
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Nous nous arrêtons déjeuner en banlieue de Toronto, la pluie ne cesse pas. Une heure plus tard, nous reprenons la route quelque peu timorés, direction les Chutes du Niagara. Arrivés sur place, il ne pleut plus, nous pouvons profiter un peu.
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Les Chutes du Niagara servent de frontière entre Canada et Etats-Unis. Pour aller de l'autre côté, il y a ce pont. Et au bout du pont: The United States of America. Il s'agit d'un passage touristique avec un peu d'attente. j'ai refait le plein, 15 litres maximum, pour diluer ma mauvaise essence mais rien y fait, je fume toujours autant au ralenti. Nous attendons 30 minutes sur le pont, c'est ensuite notre tour. Le douanier nous aboie dessus, nous ne comprenons pas. Il recommence, toujours incompréhensible. Il hurle en mettant sa main devant son visage et faisant signe que nous l'enfumons. Ok, nous avons compris, il faut couper le contact. Passeport, ESTA, carte grise, assurance, importation temporaire, tout y passe. Il part, revient, repart, revient à nouveau et nous tend un papier: contrôle bagages et documents. Nos passeports sont consignés, nous devons passer par le bureau d'immigration. Va-t-on réussir à entrer aux states ou pas ?